Le paradis manque d’air

A la recherche du paradis perdu. Un paradis – touristique – que le gouvernement chinois a cru trouver à Zhongdian, petite ville construite sur les « marches tibétaines », capitale de la préfecture autonome tibétaine de Diqing et porte d’entrée vers le toit du monde, rebaptisée « Shangri-La » en référence au roman Lost Horizon de James Hilton, où celui-ci imagine une mystérieuse région – dans le sud-ouest de la Chine – où les gens vivraient éternellement, en paix et en parfaite symbiose avec la nature.

Pour rejoindre la ville située sur un plateau à près de 3200 mètres, notre minibus serpenta – parfois difficilement – sur une route aux paysages de rêve. Arrivés là-haut, nous éprouvâmes très vite les effets de l’altitude : souffle court au moindre effort et difficulté à récupérer. Nos trois jours à Lijiang – sans parler de ma difficile expérience au Pérou et en Bolivie –, où j’avais déjà souffert dans les montées, m’avaient préparé à ce « choc », mais pour Katya c’était nouveau, et cette fois elle sembla souffrir plus que moi.

Après avoir déposé nos affaires dans l’agréable auberge de jeunesse que nous avions choisie, nous partîmes déjeuner. Nous nous arrêtâmes dans un petit restaurant tibétain prénommé « Little Chef Restaurant », où nous nous régalâmes tant – le Yack fumé, un vrai délice ! – que nous décidâmes d’y retourner le soir.

Après cela, nous fîmes une petite visite de la ville, dont les vieilles maisons de bois – bien rénovées –  ont un charme fou. Bien que touristique, la ville est néanmoins beaucoup moins « assaillie » que Lijiang, ce qui rajoute au plaisir de la balade. Nous fîmes l’ascension avec peine des marches conduisant au joli temple Da Gui Shang et à son moulin à prière géant.
 

 

Au Tibet sans y être

Puis nous quittâmes le centre-ville en bus pour rejoindre le monastère bouddhiste de Songzanlin, qui justifie à lui seul une visite à Shangri-La. Pas d’autre issue que de payer le prix délirant demandé pour la visite, car le monastère et le site où il a été édifié sont grandioses. Avant de visiter le village monastique, nous fîmes lentement – tant c’était beau – le tour du lac derrière lequel il se dresse majestueusement.

Après avoir franchi les portes de cette lamaserie de la secte des Bonnets jaunes, nous montâmes doucement le long escalier qui conduit au sommet, nous arrêtant en route pour visiter les nombreux temples construits de chaque côté. Chacun nous sembla plus impressionnant que le précédent, jusqu’à l’apothéose de la grande salle de prière du temple central. Enfin, nous grimpâmes sur les toits et terrasses du monastère en empruntant plusieurs escaliers que les touristes chinois semblent étrangement ignorer, alors que la vue sur les temples, la ville et la région y est merveilleuse. Tant mieux, car les minutes passées seuls là-haut furent magiques.

Après avoir regagné la ville en minibus avec l’aide d’un groupe de jeunes-filles – le service de bus public était terminé et elles s’occupèrent gentiment de nous en voyant que nous étions un peu désemparés –, nous allâmes prendre notre dîner dans notre nouveau repère. Nous fîmes encore une dernière balade nocturne puis nous allâmes nous coucher avant un réveil matinal pour notre première grande journée de transit jusqu’à Dali. La nuit me rappela que je souffrais bien du mal des montagnes, ma tête me donnant l’impression d’être serrée dans un étau. Malgré tout nous étions heureux d’être venus jusqu’ici pour le beau monastère tibétain dont nous ne verrions sans doute jamais les « frères » au Tibet, en raison des difficultés d’accès au territoire controversé et plus encore du mal des montagnes.