Retour aux sources

C’est ici que j’avais achevé un long voyage en solitaire de quatre mois. Cinq ans plus tard, il n’était pas illogique de reprendre la route là où je l’avais quittée.

Il est de ces endroits qui vous prennent à la gorge. Que l’on aime ou non les villes verticales, que l’on supporte ou non le climat chaud et humide qui fait étouffer du matin au soir, que l’on déplore son origine moderne, qui remonte aux peu glorieuses guerres de l’Opium, que l’on méprise – comme moi – ce symbole d’un capitalisme arrogant et omnipotent, Hong Kong ne peut manquer d’émerveiller. Cette jungle urbaine coincée entre la mer et des montagnes luxuriantes n’a pas sa pareille dans le monde. A l’opposé d’autres villes touristiques, ce n’est pas son charme qui attire, mais le choc qu’elle procure.

Notre première bonne surprise à l’arrivée le matin fut le temps : pas de pluie alors que nous nous attendions au pire en cette saison des pluies. Après un trajet confortable en bus, qui nous déposa au pied de notre pension située sur Nathan Road à Kowloon, nous prîmes « possession » de notre chambre-placard – la tête et le pied du lit touchaient les deux murs opposés. La taille très limitée du territoire de Hongkongais, où s’entasse une population très nombreuse, oblige la plupart des gens à vivre dans des espaces très réduits mais au prix aussi élevé que les constructions.

Pour juger de ce problème, rien de tel que Mongkok, le quartier où il y aurait la plus forte densité de personnes au monde. C’est là, dans ce grand bazar, que nous commençâmes notre visite de la ville. On peut y acheter tout ou presque, original ou contrefait. J’en profitai donc pour m’offrir une nouvelle paire de Converse pour remplacer mes anciennes, que j’avais achetées au même endroit lors de mon précédent voyage.

Alors que nous partîmes visiter les marchés aux fleurs et aux oiseaux, une pluie forte s’invita, nous rappelant à son bon souvenir. Heureusement elle s’arrêta net au bout d’une heure.

Saturés de monde et de boutiques, nous abandonnâmes Mongkok pour aller assister à la Symphonie des Lumières sur l’avenue des Stars, un son et lumières fabuleux ayant pour cadre et « interprètes » les gratte-ciel de l’île de Hong Kong, de l’autre côté de la baie. Hélas le spectacle perdit de sa magie à cause d’une sono défaillante, transformant les tours de verre en danseur sans musique. Heureusement, la vue est elle-même un spectacle et on ne repartit pas complètement déçus.

Le soir, nous mangeâmes dans le marché de nuit de Temple Street – plein d’étrangers ravis de s’attabler dans la rue, où les mets les plus variés s’offrent aux yeux et aux narines – tout près de notre pension. C’était la fin d’une journée déjà bien remplie, où nous ressentions la fatigue d’une courte nuit d’avion et du décalage horaire.

La tête en l’air

Le lendemain, une longue journée de visites débuta par la traversée de la baie avec le Star Ferry, plus que centenaire, qu’on emprunte ici comme on emprunte le métro ou le bus ailleurs. Nous débarquâmes à Central, le Manhattan hongkongais, cœur financier de l’Asie. Ce qu frappe le plus lorsqu’on arrive à Central, c’est le contraste entre la hauteur des gratte-ciel et l’étroitesse des rues, éveillant un sentiment d’oppression qui fait partie du « plaisir » de la visite. Les immeubles eux-mêmes pour la plupart surprennent par leur étroitesse. L’espace manque ; la vie, qui ne peut s’étaler, devient verticale, comme dans une forêt tropicale.

Après Central, nous usâmes un peu nos souliers du côté de Soho puis de Sheung Wan et de Western Market, où nous sautâmes dans un tramway à impériale. Merveilleuse balade permettant de visiter Central en se reposant.

Une fois reposés, nous descendîmes du tramway pour aller nous rafraîchir  dans l’agréable cathédrale Saint-John – avec ses ventilateurs au plafond – avant de monter au 43e étage de la tour de la Bank of China, où nous pûmes embrasser le quartier des affaires. Puis nous glissâmes dans le Hong Kong Park, situé juste derrière la tour. Un vrai havre de paix dans ce quartier agité.

Nous finîmes la journée en beauté, avec le « must » de Hong Kong, la montée en funiculaire au Victoria Peak. En attendant le coucher du soleil, nous fîmes d’abord la somptueuse balade qui tourne autour du pic, offrant un panorama de rêve sur les îles et la ville à l’abris d’arbres et de plantes tropicales. Quand le ciel commença à oranger, nous grimpâmes au sommet d’un la Peak Tower, afin de profiter de la vue époustouflante à 360°. Nous restâmes longtemps, appuyé à la rambarde, à profiter du spectacle merveilleux de la lumière déclinante sur Hong Kong jusqu’à l’arrivée de la nuit et de sa féerie d’éclairage urbain.

Après un très bon dîner en haut du pic et une longue file d’attente pour redescendre en funiculaire, nous regagnâmes notre pension en métro – qui passe sous la baie – afin de nous coucher au plus vite, puisque nous devions prendre un bateau de bonne heure le lendemain matin pour Macao.

Du placard aux nuages

A la fin de notre séjour, nous avions prévu de visiter une des nombreuses petites îles de pêcheurs de Hong Kong, mais après notre improbable et délicieux séjour à Macao (voir prochain post) nous manquions de temps. C’était sans importance. Encore sous le charme de sa voisine « portugaise », nous passâmes une demi-journée à Hong Kong. Nous fîmes une dernière promenade sur l’avenue des Stars sous un soleil de plomb – étonnante saison des pluies ! – avant de visiter le très beau musée d’Histoire de la ville. Nous marquâmes une dernière étape au Kowloon Park avant d’aller chercher nos bagages et de prendre le chemin de l’aéroport, où nous attendait un avion pour Lijiang, dans le Yunnan – « au sud des nuages » – tout près de l’Himalaya…