Une bataille héroïque et du cognac
Drôle d’idée sans doute. Qu’importe, nous voilà partis en famille pour célébrer le Nouvel An dans une des villes martyres de l’ex-URSS. Une ville qui de l’été 1942 à l’hiver 1943 offrit une des plus nobles résistances de l’histoire aux armées d’Hitler, qui semblaient alors inarrêtables. Un million de morts dont 250000 civils. Une ville rasée. Le sacrifice d’un peuple pour protéger son pays et endiguer l’horreur nazie. Un lieu où le sort de l’Europe et du monde s’est joué et que tous les amis de la liberté, bien que le commandant des armées soviétiques eût été Staline, devraient garder dans leur cœur.
Notre voyage commença dans la bonne humeur d’un plaskart, où les vapeurs de cognac arménien nous rapprochèrent de nos compagnons d’un soir et effacèrent peu à peu la crasse et le délabrement du train dans lequel nous avions pris place.
La plus grande statue du monde
Le lendemain, nous découvrîmes la colline de Kourgane Mamaïev, théâtre des combats les plus intenses entre les Nazis et les Soviétiques, au sommet duquel se dresse la gigantesque statue de la Mère-Patrie – la plus haute au monde si l’on exclut le socle du Cristo Rei au Portugal.
Après cette émouvante visite, nous rejoignîmes la Volga, le long de laquelle on trouve notamment le musée de la Bataille de Stalingrad et les ruines des bâtiments qui y ont survécu.
Les berges de la Volga, large et majestueuse, sont sans doute la plus agréable partie de la ville – très soviétique –, qui ailleurs est assez froide et triste – peut-être l’hiver renforçait-il encore ce sentiment.
Le restaurant dans lequel nous fêtâmes le réveillon n’avait rien d’exceptionnel – si ce n’est le prix, proche des tarifs parisiens pour les fêtes – et la vodka fit bien vite des dégâts chez certains clients et dans les couples…
Traversée de la Volga sur le grand barrage
Le jour suivant, nous traversâmes la Volga en marchroutka par l’immense barrage de Volgograd, long de 725 mètres et haut de 44 mètres. Impossible, hélas, de s’arrêter pour l’apprécier et nous dûmes nous contenter de visiter un peu les faubourgs « endormis » de la ville de Voljski, qui avait hébergé les hommes et les femmes ayant travaillé à la construction de la centrale hydro-électrique.
Un dernier tour dans le centre, une kotlet à la kiévienne, et il fut temps de reprendre le train pour Moscou, où une luxueuse cabine nous attendait. Nous pûmes nous reposer de ces deux jours passés à arpenter les rues d’une ville qui aura laissé en nous le souvenir ému de sa tragique et noble histoire.