A la découverte des urgences d’un hôpital indien

 

De retour à Delhi en soirée, nous décidâmes d’aller nous coucher assez tôt. Nous sentions que nous aurions une longue journée le lendemain : initialement nous pensions visiter un tombeau moghole ou un musée, mais le singe qui avait mordu Katya à Varanasi avait décidé pour nous d’un autre programme.

Après avoir avalé un déjeuner dans notre repère retrouvé (voir Delhi 1), nous prîmes donc la direction de l’hôpital international Apollo. L’occasion pour nous de prendre le métro pour la première fois, dont la modernité, le confort et la propreté contrastent fortement avec l’insalubrité des quartiers que nous traversâmes, notamment ces bidonvilles qui semblent dressés sur une montagne de déchets, où les animaux et les hommes filent comme des ombres.

A l’hôpital, nous découvrîmes les urgences « à l’indienne », qui finalement ressemblent assez aux nôtres : une sorte de bazar plus organisé qu’il n’y paraît. Après quelques minutes d’attente, une infirmière fit quelques contrôles puis un médecin se présenta. Ce dernier nous confirma qu’il fallait en effet faire vacciner Katya. Je lui parlai de l’immunoglobuline et il sembla acquiescer. Il nous donna alors une ordonnance que nous présentâmes à la pharmacie de l’hôpital, afin d’acheter les produits nécessaires aux trois injections à venir.

Quand le pharmacien nous présenta la note, nous défaillîmes : 300 euros rien que pour l’immunoglobuline ! Refroidis, nous décidâmes d’appeler l’assurance de Katya afin de savoir si nous pouvions bénéficier d’une avance des frais et surtout du remboursement au retour à Moscou.

Après une longue attente, on nous donna l’adresse d’un autre hôpital de Delhi, qui selon notre interlocuteur devait être partenaire de l’assurance de Katya… Nous quittâmes donc sur-le-champ l’hôpital Apollo en rickshaw.

 

Une vaccination sous le signe de l’Ukraine

 

Ni nous ni notre chauffeur ne savions où nous rendre exactement, ce qui rallongea considérablement la course. Après avoir questionné plusieurs passants ici ou là, nous finîmes néanmoins par dénicher l’hôpital. Celui-ci, d’allure modeste, arborait au-dessus de sa porte d’entrée un symbole cultuel d’appartenance à une étrange congrégation qui ne fut pas pour me rassurer…

A l’intérieur, on nous dirigea rapidement jusqu’à une salle où deux infirmières s’occupèrent de Katya avant qu’un médecin ne les rejoigne. Au grand soulagement de Katya, celui-ci avait fait ses études de médecine à Kiev et parlait donc parfaitement russe – l’Inde et la Russie entretiennent de très bonnes relations depuis l’époque soviétique. Après avoir examiné la blessure de Katya, il nous expliqua que la blessure était peu profonde et puisqu’elle avait été causée par un singe et non un chien, il y avait donc une probabilité très faible de contamination par la rage et que de simples injections d’antirabique sans immunoglobulines suffirait donc. Certes ce diagnostique semblait confirmer les informations que nos amis parisiens  – merci à vous ! – avaient pu obtenir auprès de différents hôpitaux ou services en France. Néanmoins ce petit doute qui persistait ne cessait de me tourmenter : pourquoi ne pas faire une injection d’immunoglobuline, au cas où ? J’essayai donc de persuader le médecin d’y recourir mais il se braqua légèrement me certifiant qu’il était absolument certain de son diagnostique – je compris également qu’ils n’avaient pas d’immunoglobuline dans l’établissement.

Katya sembla convaincue du diagnostique, d’autant que le médecin s’adressait à elle dans sa langue, ce qui lui donnait plus de poids. Elle accepta donc de se faire vacciner d’un simple « vaccin indien » sans immunoglobulines. Cinq autres injections devaient suivre (+3 jours, +7 jours, +14 jours, +1 mois, +6 mois).

 

Une fin de séjour entre peur et ravissement

 

Après cela nous allâmes chercher les jupes que Katya avait commandées (voir Delhi 1). En soirée, nous déambulâmes dans le quartier de Connaught Place, toujours aussi peu agréable, avant de prendre un repas dans un restaurant végétarien.

Le lendemain matin, nous fîmes un dernier tour dans le quartier de notre hôtel, profitant de ces dernières heures en Inde pour acheter quelques souvenirs et faire quelques clichés. Dans l’après-midi, nous quittâmes l’Inde en direction de Dubaï, où nous devions passer une nuit. Malgré la contrariété due à la morsure dont Katya avait été victime, malgré la religiosité omniprésente, malgré la misère et la saleté, je repartis conquis de ce beau pays, où tout semble si différent et où les gens, si l’on arrive à dépasser la relation marchande qui les lie aux étrangers, sont très attachants. Moi qui jusque-là n’avais jamais rêvé de l’Inde et qui pensais ne jamais devoir y poser les pieds (voir Inde du nord), je crois bien que j’y retournerai…