L’Inde en fête et en couleur

 

Nous avions prévu de quitter Orchha de bon matin pour rejoindre Khajuraho. Les deux cents kilomètres qui séparent les deux villes ne posent aucun problème aux voyageurs… en temps normal. Mais nous étions alors en pleine fête des Couleurs : les bus ne circulaient pas et les taxis se faisaient rares et chers. Pressés par le temps, nous n’eûmes d’autre choix que d’accepter le prix du chauffeur qu’une agence de la ville avait déniché pour nous.

Nous quittâmes notre hôtel avec précaution – la rue étant le théâtre d’une nuée de jeunes gens armés de poudres colorées – et pénétrâmes dans le confortable taxi qui nous emporta jusqu’à Khajuraho. Malgré le triste état de la route, le voyage fut agréable : notre chauffeur se montra sympathique et partout où nous passions nous assistions au spectacle de ces joyeuses batailles de couleur.

Arrivés devant notre hôtel – Zen, comme son petit jardin et ses terrasses fleuries –, nous fûmes accueillis par des adolescents, heureux d’étaler un peu de couleur sur nos visages immaculés.

 

Le voile noir de Kali

 

Avant de commencer nos visites, nous filâmes à l’aéroport en rickshaw, où nous espérions pouvoir changer notre vol Khajuraho-Varanasi prévu le lendemain après-midi pour un vol le surlendemain. En vain – 200 euros à rajouter pour ce simple changement !

Nous demandâmes à notre chauffeur de nous déposer aux temples du « groupe est », où nous visitâmes trois très beaux temples jaïns avant d’aller visiter le temple de Dulhadev (temples du « groupe sud »). Puis nous regagnâmes à pied notre hôtel, où je profitai de notre agréable balcon pour me reposer pendant que Katya goûtait aux bienfaits des massages indiens.

Le soir, nous dînâmes au Blue Sky Restaurant, espérant profiter d’un bon repas en terrasse avec vue sur le son et lumière des temples du « groupe ouest ». La soirée ne fut pas vraiment à la hauteur de mes espérances – le 8 mars en plus de la journée de la Femme et de la fête des Couleurs est aussi mon anniversaire – et Kâli jeta soudain un voile noir sur Khajuraho, changeant la journée des couleurs en une nuit de douleur.

 

Les sculptures érotiques des Chandela

 

Le lendemain malgré tout nous partîmes visiter les temples du « groupe ouest », découvrant notamment les merveilleux temples de Lakshmana, de Kandariya Mahadeva ou de Jagadamba. Ces temples construits par les Chandela de 950 à 1050 ap. J.-C., qui furent redécouverts en pleine jungle par les Anglais au milieu du XIXe siècle, sont surtout célèbres, au-delà de leurs qualités architecturales, pour leurs motifs érotiques inspirés du Kamasutra.

Après avoir visité ce très beau site sous un soleil de plomb, nous nous offrîmes un déjeuner dans l’agréable cour ombragée du Swiss Restaurant. Puis nous retournâmes à l’hôtel prendre nos bagages afin de gagner l’aéroport, où notre avion pour Varanasi nous attendait.

Au moment où l’avion quitta le sol, je repensais à ces derniers jours : j’avais lu et entendu que Khajuraho constituait une étape agréable avant l’agitation et la touffeur de Varanasi. Peut-être était-ce dû à notre séjour précédent à Orchha mais Khajuraho me semblait au contraire bien trop touristique et ses habitants – jusque dans notre hôtel – très pressants, pour ne pas dire plus…