Calme, trop calme. Dès le premier coup d’œil, la deuxième ville de Lituanie nous sembla fatiguée, presque éteinte. A notre arrivée, la veille, nous étions aller dîner dans un bon restaurant traditionnel, où nous nous repûmes de mets savoureux mais lourds, agrémentés par un vin chilien et un tout aussi savoureux Brésil-Chili. Après le repas, nous arpentâmes un peu la longue rue piétonne de la Liberté, qui, bien qu’elle ait tout pour être agréable, nous laissa une drôle d’impression. Le décor comme les passants semblaient faux. L’atmosphère y était étrangement calme pour un samedi soir. Des groupes de filles et de garçons – parfois une quinzaine – se croisaient comme des ombres et échangeaient quelques paroles convenues.

Dans les rues adjacentes, c’était pire encore. Les immeubles, qui étalaient leur tristesse sur leur mine grise, semblaient avoir fait fuir les passants comme les voitures. Nous étions seuls ou presque dans ces rues à la quiétude angoissante. La pluie et la fatigue nous firent faire demi-tour et nous décidâmes de revenir le lendemain matin pour tenter de percer ce mystère et découvrir, nous l’espérions, les bons côtés de la ville.

Le petit déjeuner copieux d’une célèbre compagnie hôtelière française fut un excellent départ. Hélas, de retour dans la ville, la mélancolie s’empara de nous encore une fois, confirmant les impressions de la veille. Nous montâmes jusqu’à l’église de la Résurrection-du-Christ pour profiter de sa terrasse et du point de vue sur la ville. Les rues, les escaliers que nous empruntâmes, les bâtiments abandonnés, renforcèrent encore l’impression d’ensemble. Ville fatale aux dépressifs, pensais-je en marchant dans ce cimetière de béton.

L’architecture de cette église moderne et claire était très intéressante. Comme sa terrasse, posée sur son toit, depuis laquelle on aurait pu observer la ville. Mais la pluie s’était invitée et elle vint gâcher ce plaisir.

Nous redescendîmes par où nous étions arrivés. Nous fîmes une courte pause près du musée de l’Armée, où quelques anciens, dont les casques rappelaient étrangement ceux d’une armée nauséabonde, avaient organisé une petite cérémonie militaire.

Après cela, nous pressâmes le pas en direction de la « vieille ville », décidés coûte que coûte à aller jusqu’au bout de notre visite. Nous fûmes vite récompensés de nos efforts : la vieille ville, avec ses petites rues pavées, ses cafés, ses églises, son château, son vieil hôtel de ville dominant une jolie place, se révéla agréable. Il y avait bien toujours dans l’air quelque chose de nostalgique et de mélancolique, mais c’était moins pesant.

Enfin, pressés par la pluie et le temps, nous hâtâmes notre visite et traversâmes la ville en sens inverse, pour retrouver notre voiture et prendre la direction de Gdansk.