Zone réglementée et autorisation spéciale

 

Nous y voilà. Le grand nord, le point extrême du voyage ; aux confins du monde et de l’humanité.

La nuit a été courte. Nous faisons les sacs à la hâte et je mets en ligne un article sur le site en avalant un thé. Katya part chercher l’argent de la seconde nuit que nous ne passerons jamais à Mourmansk. Je suis mélancolique à l’idée de quitter notre appartement, depuis lequel nous avons vu un bref coucher de soleil et un ciel jaunissant vers minuit en guise de nuit.

Dehors je rencontre Valery, l’homme qui a eu la bonne idée de laisser sa petite carte de visite à l’hôtel Azimut. Il sort d’un Land Rover bien chargé, où il ajoute nos gros sacs. Nous sommes prêts pour notre expédition de deux jours dans la péninsule de Kola.

Valery découvre que je suis français ; une ombre passe sur son visage. « Vous avez une autorisation ? demande-t-il. L’accès à la zone est réglementé. »

« Non. » L’ombre vient de s’abattre sur moi.

« Alors, il va falloir jouer serré… Normalement, il faut contacter le FSB (ex-KGB) une semaine à l’avance minimum. » Comment étions-nous passés à côté de cette information ? Peut-être, simplement, parce qu’il n’y a pas d’informations. Le visage de Valery a retrouvé de l’éclat : « tout se passera bien », dit-il pour nous (se) rassurer.

 

La Guerre, l’Allemagne et mes ancêtres

 

Nous prenons place dans le 4x4 et partons à la recherche d’un dernier produit de haute nécessité : une bouteille de vodka pour la soirée. Hélas, Valery semble découvrir, comme nous la veille au soir, que la ville est soumise à une prohibition de la vente d’alcool entre 21 heures et 11 heures du matin. Et pas moyen de trouver un tripot de notre tonton Al Capone. Ils se sont évanouis avec la nuit.

Nous traversons la baie sur un long pont au sud de la ville et remontons le fjord sur la rive opposée. Valery nous conduit à un mémorial de la Seconde Guerre mondiale – le début d’une longue série –, depuis lequel nous jouissons d’une superbe vue sur la ville au milieu des vieux avions de chasse.

Il est temps de mettre cap au nord. La route est agréable : lacs, rivières et toundra vallonnée offrent un spectacle saisissant. Le grand nord, austère et sauvage, se dévoile peu à peu.

Nous nous arrêtons dans un vaste mémorial de la Guerre, devant lequel nous entendons les automobilistes klaxonner au passage, saluant la mémoire des ancêtres morts au combat.

L’entrée de la zone réglementée se rapproche. Valery nous expose son plan ; « tu diras que tu es un Français d’origine allemande et que tu profites de ton séjour à Mourmansk pour venir te recueillir sur la tombe d’un aïeul enterré dans le cimetière allemand. » Avec mon nom de famille, le rôle n’est pas si dur à tenir. « En fait, ne parle pas, c’est mieux. Je m’en occupe », conclut-il avec un soupçon de stress.

 

Un contrôle qui n’en finit pas

 

Le véhicule s’immobilise devant la barrière. Un homme en uniforme se présente et demande les passeports. Quand il découvre le mien, il se penche en me fixant dans les yeux : « Où allez-vous ? ». Valery récite son texte ; le garde fronce les sourcils : « Vous parlez russe ? » me demande-t-il. « Un petit peu », je réponds, en mimant des doigts.

Le jeune garçon se retire et rejoint son supérieur à l’intérieur du poste de contrôle. Commence une longue série d’appels téléphoniques : pour moi (ambassade ? douane ? office de l’immigration ? FSB ?...) et pour Valery (contrôle du permis ? de son autorisation de travail ? de son « casier » au FSB ?…) – pour Katya, qui sait ? Pendant ce temps, son jeune collègue vient gentiment s’excuser auprès de moi : « désolé, on n’y est pour rien, c’est le règlement ».

L’attente se prolonge. Nous stationnons devant la barrière depuis vingt minutes, sous le regard inquisiteur du gradé, qui gesticule avec un téléphone en main. Je commence à m’inquiéter ; Valery aussi : « peut-être qu’ils vérifient mes déclarations d’impôt », plaisante-t-il.

L’officier sort enfin de son poste et nous remet les passeports. « C’est bon ». Le ton bref tranche singulièrement avec l’attente. Nous passons la barrière avec soulagement et excitation. L’aventure peut commencer.

 

Dans les griffes du FSB

 

La joie est de courte durée. Valery reçoit un appel ; son visage se fige lorsqu’il décroche. C’est le FSB. « Nous vous attendons au cimetière allemand », commande l’agent des services de renseignement. Valery raccroche, contrarié. « C’est pas notre itinéraire, mais on n’a pas le choix. » Pas le peine de contrarier le FSB ; encore moins sans autorisation en poche. Je redoute que notre dernière aventure tourne court ; peut-on ruser le FSB ?

Nous nous arrêtons dans un café en bord de route, dont la serveuse, glaciale, a plus l’air d’un indic que d’une commerçante. Valery n’est pas content de la tournure des choses. « Ils vont attendre », dit-il en refermant la porte du 4x4. Il fait demi-tour et quitte bientôt la route, un peu avant le poste de contrôle, pour pénétrer sur un chemin en terre.

Valery gare le véhicule un peu plus loin, au bord de la rivière Titovka, où nous découvrons une magnifique cascade. Pendant que je tente de la photographier, notre guide prépare le thé. Nous prenons notre temps, oubliant le FSB jusqu’à ce que la pluie nous oblige à repartir.

Le téléphone de Valery n’a pas cessé de sonner durant notre étape imprévue. Notre compagnon rappelle enfin ; nous sommes vivement attendus. Cette fois, il ne faut plus perdre de temps.

En route, je comprends pourquoi la zone est réglementée : partout s’élèvent des installations militaires protégées par des fils barbelés et des blindés, devant lesquelles défilent des rangs de soldats en plein exercice. Nous assistons même à des manœuvres de véhicules amphibies, lancés à pleine vitesse dans les marécages en contrebas. Plus nous avançons et plus je ressens l’oppression de cette zone ultra-militarisée.

 

Jeux d’espions au cœur d’une base militaire russe

 

L’agent du FSB nous a donné rendez-vous sur le rond point à l’entrée de la ville garnison de Petchenga. « Vous avez quitté la route, je le sais », précise-t-il d’entrée. « C’est interdit. » Big Brother a des yeux partout : on imagine facilement le nombre de caméras dissimulées dans les parages.

Albec, notre agent d’origine kazakhe, nous escorte jusqu’au cimetière. A la sortie du véhicule, il me scrute de son visage impassible. Valery commence une longue discussion avec lui. Nous partons visiter le cimetière avec Katya – que faire ? Je me prête au jeu, recherchant, en vain, la trace d’un ancêtre sur les monuments. Mais mes yeux, immanquablement, sont attirés vers l’extérieur du cimetière : nous sommes en plein cœur d’une base militaire « secrète ». Derrière les tombes, des manœuvres sont en cours ; les détonations des explosifs ou des obus résonnent au pied des collines qui barrent l’horizon. Il ne manque que la bande son de James Bond et je pourrais me croire en service commandé.

Valery nous rejoint. Le réquisitoire est terminé ; nous attendons le verdict. Y aura-t-il une amende ? Combien ? L’ordre de déguerpir ? Ou au contraire la permission de poursuivre notre route ?

Comme souvent en Russie, c’est une réponse ambiguë ; il faut savoir décrypter ces sous-entendus et ces non-dits pleins de sens. Albec ne nous fait pas payer d’amende – il pourrait –,  peut-être a-t-il apprécié lorsque Katya lui dit que son père était pilote de chasse et que sa famille était originaire de Volgograd, comme lui. Il rappelle : « la toundra est interdite aux étrangers. Ne quittez pas la route ! » Il demande : « Où allez-vous dormir ce soir ? – Au café près du poste contrôle, sans doute ». Nous allons désobéir, il le sait, nous passerons la nuit dans la toundra. Il menace : « Et où que vous alliez, appelez-moi pour me dire. Ça évitera à mes hommes de devoir venir vous chercher… » Nous sommes reconduits à l’entrée de la ville.

 

La vodka et ses effets miraculeux

 

Libérés – provisoirement – de l’étreinte du FSB, nous soufflons un peu dans la voiture. Katya plaisante : « je ne serais pas surprise qu’il ait glissé un micro dans la voiture quand nous étions tous les trois dans le cimetière ». Nous rions. Qui sait ?

Nous préparons à la hâte notre « évasion ». Notre plan est d’une simplicité déconcertante : nous collons une camionnette et bifurquons à pleine vitesse, au dernier moment, sur le chemin longeant la Titovka, juste avant le poste contrôle. Un scénar digne d’un – mauvais – film américain. Qu’importe, il faut croire ; toute la Russie est suspendue à la croyance et à l’espoir. Valery coupe son téléphone : pour bien croire, mieux vaut ne pas savoir. Notre pilote met les gaz ; nous nous enfonçons dans la taïga, espérant y semer les fantômes du FSB.

Nous longeons un moment la rivière Titovka, dépassant parfois les véhicules de touristes russes aventureux. Soudain, notre compagnon marque un arrêt devant un petit cabanon : « ici, c’est Musta Tunturi, la porte d’entrée de la presqu’île. La tradition est de boire de la vodka pour nous porter chance ». Nous nous attablons autour d’une bouteille entamée que Valery gardait dans sa voiture. Deux verres de vodka cul sec et quelques zakouskis ; l’alcool fait son effet : le FSB est oublié et nous entrons pleinement dans notre périple nordique.

 

La presqu’île Sredni, la mer de Barents et le sous-marin russe

 

Les paysages sont fantastiques : nous avons débarqué sur une autre planète. Le décor de ces montagnes pelées et rocailleuses où tentent de survivre quelques arbres écrasés par le vent et le froid me remplit de joie. Notre véhicule traverse des ornières emplies d’eau, qui vient lécher nos portières. La piste tourne encore et encore ; la mer de Barents apparaît soudain. C’est l’aventure, en grand.

Dans le bras de mer qui coule entre les deux péninsules, une surprise nous attend : un sous-marin mouille tranquillement dans la baie. Nous faisons un arrêt dans un café de fortune – notre dernière chance – où nous achetons une bouteille de vodka à prix fort.

Nous quittons la première péninsule (Sredni, « intermédiaire ») pour pénétrer dans la suivante, la péninsule Rybatchi (« des pêcheurs »), dernier morceau de terre avant l’Arctique. Nous fêtons notre entrée avec un nouveau verre de vodka.

Les somptueux paysages auraient pu suffire à notre bonheur, mais la Russie a toujours un surplus de magie à offrir : ces rencontres improbables et éphémères, dont l’intensité n’a d’égal nulle part au monde.

 

La Russie et l’art des rencontres éphémères

 

Premier arrêt, premier prétexte : le sel. Nous nous retrouvons au milieu d’un groupe d’amis de Saint-Pétersbourg, qui ont installé leurs tentes en bord de mer. On nous apporte du sel – un kilo pour une nuit, ça devrait suffire – et un verre de vodka. On échange quelques mots, quelques rires ; le temps froid, les contrôles des gardes-côtes. La petite troupe disparaît bientôt dans les rétroviseurs de notre voiture.

Second arrêt, second prétexte : le sucre. Des Moscovites très équipés ont dressé leur camp devant un bunker finlandais, face à la mer et aux îles Kiy. L’accueil est chaleureux, comme toujours avec les Moscovites. On est content de recevoir des invités dans ce désert humain. Résultat exponentiel : un kilo de sucre = 2 verres de vodka + 1 assiette de champignons marinés. Au fond de la tente, un homme corpulent dort profondément malgré les rires et les éclats de voix. Soudain, il ouvre les yeux et s’insère naturellement dans la conversation, nullement surpris par notre présence. Effet garanti ; nouveaux rires.

Nous repartons en coup de vent, saturés d’alcool et d’émotion. La vodka donne des airs hallucinés au décor qui défile sous nos yeux dilatés. Les étapes sont de plus en plus irréelles ; nous nous enfonçons dans le rêve. Les bâtiments abandonnés de Vayda Guba, à l’extrémité nord de la péninsule ; son phare, ses falaises déchiquetées, ses lacs embrumés ; chaque nouveau tableau vient composer les notes enflammées d’une symphonie fantastique.

 

Partie de pêche à la fin du monde

 

Nous arrivons au bout du jour et du monde. Valery arrête la voiture le long de la rivière Skorbeevka, un torrent qui se jette cent mètres plus loin dans la mer. La rivière et la mer disparaissent bientôt sous le brouillard, qui jette un voile de mystère sur notre odyssée. Ce soir, je veux bien croire que l’univers a une fin et qu’elle est là devant nous. Au-delà de cette mer invisible, un gouffre plonge vers les mondes inférieurs. Plus sensibles que nous aux vibrations du monde, les Anciens avaient peut-être raison.

Nous dressons le camp à la hâte. Valery veut profiter des dernières lueurs du jour pour tenter une plongée dans le torrent, où il espère pêcher un saumon. Notre voisin de campement, Grisha, arrive avec son quad ; Valery le connaît bien ; ils s’équipent ensemble de leurs combinaisons françaises pour affronter la fraîcheur des eaux du nord. Les deux compères, harpon au poing, plongent bientôt dans la rivière tumultueuse.

Nous entrons nous réchauffer sous la tente en attendant leur retour. Nos sentiments se sont couverts en même temps que le ciel ; nos pensées flottent dans un épais brouillard.

 

Saumon, vodka et gueule de bois

 

« Toc toc ». Valery entre sous la tente avec un grand sourire et un saumon sous le bras. « Il faut le vider et le préparer », ajoute-t-il en repartant pêcher. Je me retrouve accroupi dans la brume à trancher la tête de la pauvre bête avant de l’éventrer avec mon couteau suisse. Mon crime commis, nous allons rencontrer des voisins installés un peu plus loin. Katya espère leur emprunter un barbecue. Le jeune accompagnateur du groupe de touristes nous propose de faire frire nos steaks au-dessus de leur feu. L’idée est bonne après tout ; la pluie n’est pas loin, à quoi bon allumer un autre feu ?

Quand nous revenons, Valery et Grisha sont de retour. Ils se changent et se sèchent avant notre festin, arrosé de vodka. Valery nous abandonne rapidement, terrassé par la fatigue et l’alcool. Nous finissons la bouteille avec Grisha, qui nous conte ses exploits de pêcheur.

Nous sombrons bientôt dans un étrange sommeil, assaillis par la pluie et les vapeurs de vodka.

Je me réveille vers 4 heures du matin, la bouche sèche et la tête douloureuse. Je vais marcher un peu le long du torrent. Le bruit de la cascade contraste avec le profond silence qui règne dans le désert vert de la toundra. Il n’y a que les champignons et les baies qui semblent se plaire ici. Il faut boire. Je fais bouillir de l’eau – idée absurde – et avale un comprimé de paracétamol. Je demeure allongé sous la tente pendant quelques heures dans un état de demi-sommeil. Dehors, j’entends Valery et Grisha qui s’activent.

 

Sous le regard maléfique des Deux Frères

 

Au lever, la fatigue se fait sentir mais la tête est fraîche et l’estomac accroché. La vodka de la veille est digérée. Katya n’a pas la même chance. Commence pour elle une longue journée à subir les cahots de la piste et les zigzags de notre véhicule. En attendant, il faut plier la tente et ranger tout notre matériel. Grisha part avant nous ; nous le reverrons plus loin.

Nous traversons la péninsule de Rybatchi. Le brouillard s’est levé, mais le ciel est noir et le décor a l’air sévère. Voilà le grand nord comme je l’imaginais. Tout, la mer, les rivières, les arbres, l’herbe, les falaises, les rochers ; tout semble avoir été taillé, rasé, réduit et compressé par le vent du nord.

Nous quittons Rybatchi pour retrouver la péninsule Sredni et notre ami Grisha, qui se démène dans les ornières avec son quad. Nous déjeunons au bord de la mer de Barents, sous le regard des Deux Frères, deux pics maléfiques dressés devant une falaise aux allures de forteresse. Les rites accomplis là devaient être terrifiants.

Grisha repart vite ; avec son quad et sa remorque, il ne doit pas traîner ; chaque kilomètre de piste est une épreuve. Je vais tremper la main dans la mer de Barents au prix de glissades dangereuses sur des rochers détrempés couverts de petits mollusques. Pendant ce temps, Valery a préparé un repas de fortune – lentilles et tushonka – qui s’avère savoureux. Katya tourne de l’œil et passe son tour.

 

Le chat Albec et ses trois petites souris

 

Nous repartons ; il n’y a plus de temps à perdre : ce soir, nous avons un train pour Moscou et nous devons encore quitter la presqu’île, longer la Titovka, passer le poste contrôle – Albec est peut-être fâché – et parcourir enfin les 120 kilomètres qui le sépare de Mourmansk. Valery est passé en mode sportif : nous doublons les véhicules des touristes inexpérimentés et plongeons sans relâche dans les trous d’eau. Katya s’est allongée et somnole à l’arrière. Valery nous accorde une pause pour aller escalader un énième mémorial de la Seconde Guerre mondiale.

Le poste de contrôle se rapproche ; la tension monte ; je cache mes cartes mémoire pleines de photo « interdites » et je remets les photos du cimetière allemand dans l’appareil. Valery allume son téléphone ; l’appel d’Albec ne tarde pas. « Où êtes-vous ? Je vous ai perdus… », glisse-t-il avec ironie. « A cinq minutes du poste », répond notre compagnon sans se démonter. « Très bien, allez-y… » Autorisation ou une mise en garde ?

Notre 4x4 plein de boue (!) s’immobilise devant la barrière. Nous tendons les passeports avec appréhension. Nous sommes prêts à des remontrances, à de longues négociations, à une amende sûrement. « Merci, c’est bon. » La barrière magique s’ouvre devant nous. Tout ça pour ça ! Le chat Albec a bien joué avec ses trois petites souris.

 

De la toundra au plaskart

 

Valery nous emporte à vive allure vers Mourmansk. Nous voilà tirés d’affaire ; désormais rien ne devrait nous empêcher de prendre place dans notre plaskart direction Moscou. Notre guide se renseigne sur la France ; il aimerait venir. Il nous invite aussi à revenir dans sa ville, à 100 km de Mourmansk. D’autres aventures en perspective.

A Mourmansk, Valery nous accompagne faire nos dernières courses avant nos deux nuits de train. Il vient jusque sur le quai nous serrer dans ses bras.

Nous prenons place dans le train, encore ivres de ces deux jours de grande aventure. Mon esprit est en ébullition, puisant à grands frais les dernières forces de mon corps fatigué. Nous attendons que la tension redescende doucement. Ces deux nuits de train sont bienvenues. Peut-être conclurons-nous notre voyage dans le grand nord par une belle rencontre dans le plaskart…