Un village de campagne avec un patrimoine culturel de grande ville

 

Une myriade de clochers et de bulbes d’églises qui s’élèvent derrière des prairies verdoyantes, où s’écoule paisiblement la rivière Kamenka. Cette image ne peut quitter ma mémoire. Souzdal y a imprimé ses tableaux enchanteurs. Bucolique, la petite ville de 10000 habitants est un merveilleux conte de fées dont on ne veut sortir.

Les villes de l’Anneau d’Or ont toutes un charme propre ; mais Souzdal les dépasse en tout. Ici mieux qu’ailleurs, on peut goûter à l’âme romantique et invincible de la Russie. Son histoire y est pour beaucoup, mais aussi son statut de zone protégée, la préservant des constructions soviétiques ou « nouveau riche » de mauvais goût que l’on retrouve dans la plupart des villes russes.

 

Une capitale politique, spirituelle et commerciale

 

L’histoire glorieuse est celle d’une principauté à l’origine, avec Vladimir, de la Russie moderne. C’est ici que la longue unification d’une nation russe a vraiment commencé au XIIe siècle, sous l’impulsion de Iouri Dolgorouki. Si Vladimir, puis Moscou, l’ont privée de son influence politique, Souzdal a conservé et même renforcé avec le temps son influence spirituelle, comme en témoigne la profusion d’églises et de monastères qui donnent à la ville cet aspect si particulier. Ainsi que son rôle commercial, jouissant de la prospérité agricole de la région, que l’on ressent en se promenant sur la place du Commerce, où a été bâtie au début du XIXe siècle une longue galerie marchande au charme suranné.

 

Le kremlin sorti d’un rêve

 

Il est impossible d’énumérer toutes les églises et monastères de la ville, qui rivalisent de beauté. Deux constructions émergent néanmoins de ce paradis culturel : le kremlin en terre, tout d’abord, lové majestueusement dans un méandre de la Kamenka. En son centre, se dresse la magnifique cathédrale de la Nativité-de-la-Vierge aux coupoles bleues étoilées d’or et aux fresques délicates. Autour d’elle, s’étend le palais de l’Archevêque et le clocher du kremlin, qui accueillent un musée et un restaurant. Le tableau idyllique ne serait pas complet sans la gracieuse église Saint-Nicolas, dont le squelette de bois contraste si parfaitement avec la chaux des autres bâtiments. La balade sur le talus du kremlin jusqu’à la Kamenka est exquise et se fait lentement pour mieux profiter de la paix et de la beauté du lieu.

 

L’impressionnant monastère du Sauveur-Saint-Euthyme

 

Le monastère du Sauveur-Saint-Euthyme, ensuite. Cet imposant monastère, posé sur une colline, domine au nord la ville et la Kamenka, qui s’écoule sous ses épaisses murailles. Dedans, c’est la surenchère : églises, cathédrale, clocher, porches, hôpital, prison, logements des moines transformés en musée. La visite est passionnante et l’on ressort ravi en redécouvrant avec la joie la vue sur la ville et le couvent de l’Intercession. La zone résidentielle qui borde la rivière au pied du monastère du Sauveur-Saint-Euthyme est particulièrement paisible ; l’endroit est idéal pour y louer une chambre romantique dans une petite isba, comme nous l’avions fait, profitant du trésor de notre hôte, antiquaire.

 

Souzdal et son philtre d’amour

 

Les restaurants de Souzdal sont accueillants eux aussi. On peut choisir de manger « chez l’archevêque », dans le kremlin, pour profiter de son charme ancien et de ses vieux samovars. Ou dans un petit restaurant de la rue Kremliovskaya, où des femmes en costume traditionnel servent de délicieux plats russes.

Quoi qu’on fasse et où qu’on aille, enivré de nature et de culture, l’endroit est irrésistible. Souzdal rend amoureux ; on ne peut s’en lasser ni l’oublier ; il est comme cette femme qui vous croise un jour et vous saisit la main pour la vie.

 

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