Depuis la lecture de La Chartreuse de Parme de Stendhal, le lac de Côme faisait partie de mon imaginaire. Notre voyage à Rome et notre traversée des Alpes était l’occasion rêvée pour découvrir la région des lacs italiens. Après avoir flâné un peu dans l’élégante ville de Côme, nous longeâmes le lac en direction de Bellagio. La route, tournoyante, dominait le lac, véritable puits de lumière niché entre deux parois vertigineuses, aux pieds desquelles de riches villas ou de petits villages alanguis semblaient attendre la froide nuit d’hiver. La paysage était somptueux ; je regrettai seulement, comme souvent à l’étranger, le manque de stationnements pour pouvoir goûter et photographier chaque nouveau méandre.

Arrivés à Bellagio, nous suivîmes la direction de Lecco, afin de reprendre notre voyage vers Bologne. Soudain, à la sortie d’un virage, nous tombâmes sur une barrière : la route était bloquée. Nous fîmes demi-tour et tentâmes notre chance sur une petite route qui montait à travers la montagne. Les lacets et les tronçons vertigineux se succédèrent. Arrivés au sommet, nous dominions le lac, auréolé d’une lumière crépusculaire. Nous redescendîmes vers Milan, où il nous fallut toute l’intensité des images merveilleuses que le lac nous avait léguées pour affronter les fumées nauséabondes et irritantes de la plaine du Pô.