Olivier à la baguette

Si notre séjour en Suisse fut merveilleux, nous le devons d’abord au chef Olivier, qui l’orchestra de la plus belle des manières. Nous fûmes reçus comme des princes et chaque moment nous révéla son lot de surprises préparées par notre hôte.

Le soir, à notre arrivée, l’apéritif fut suivi d’une bonne raclette, « raclée » comme il se doit et accompagnée de vin suisse, puis d’un dessert plein de fraternité préparé par un ami boulanger d’Olivier. Les boiseries du chalet, la vue incroyable sur les montagnes, bientôt plongées dans le noir, et la cheminée qui crépitait ajoutaient encore un peu de magie. La soirée aurait pu se terminer dans cette douce atmosphère, tous trois heureux et repus. Olivier décida alors de faire sonner le finale. Il sortit d’abord des vieilles reliures du Monde illustré – de 1898 –, dont sa famille possède quarante années ininterrompues. Et puis, clou du spectacle, notre ami arriva soudain avec un magnifique phonographe et une pile de disques. Quelques tours de manivelle, et le vieil appareil sortit de son long sommeil pour nous envoûter de ses tonalités d’une beauté nostalgique. En cercle autour de lui, éclairés par le feu de cheminée, il y avait du recueillement. Nous écoutions religieusement, heureux comme des enfants à la veillée de Noël. Nous emportâmes toutes ces belles impressions dans notre chambre et nos rêves.

La pastorale

Avec nos excès de la veille, le réveil fut plus tardif que prévu. Après un petit déjeuner trois étoiles, nous partîmes pour une petite visite du vieux village avant de d’emprunter les télécabines pour rejoindre les sommets au-dessus de Leysin. Olivier nous avait proposé une via ferrata sur une paroi verticale de 150 mètres mais – devinez pourquoi – j’ai préféré la seconde option, une randonnée depuis les sommets jusqu’à la ville.

La vue que nous découvrîmes autour du restaurant panoramique était enchanteresse. D’un côté le Lac Léman, et de l’autre les sommets des Alpes, dont la chaîne du Mont-Blanc. Sans oublier les impressionnantes tours d’Aï – celle de la via ferrata – et de Mayen, au pied desquels nous partîmes randonner.

Lacs, petits chalets hors du temps, grottes refuges, panorama de rêve : la courte descente jusqu’au refuge Mayen fut un régale. Comme la « croûte mayen », la spécialité du refuge préparée avec les produits de la ferme, que nous savourâmes dans un décor. Après un dessert tout aussi savoureux et un café au « jus de cailloux » – selon le mot du sympathique patron –  haut en degrés, nous commençâmes notre belle descente vers Leysin. Nous traversâmes des pâturages, où paissaient des vaches aux couleurs étonnantes, des petits bois de sapins et nous eûmes même la chance de visiter une fromagerie.

Nous découvrîmes le haut de Leysin et les fameux sanatoriums qui firent la renommée du village, reconvertis aujourd’hui en écoles ou en hôtels. Nous attendîmes le petit train à crémaillère, construit à l’origine pour amener les malades jusqu’aux établissements de soin. Il permet aujourd’hui aux habitants du village de rejoindre la vallée rapidement et confortablement quelle que soit la saison. Un vrai luxe dont beaucoup de stations suisses semblent jouir. Nous atteignîmes enfin le vieux village, où Olivier nous fit faire un petit arrêt dans un beau restaurant.

Le soir, Olivier nous offrit une fondue dans le restaurant musée « La Fromagerie ». Un vrai délice qui nous rappelait que le pays de la fondue, c’est bien la Suisse ! Pour conclure la soirée, nous allâmes visiter le passionnant petit musée à l’étage.

Cette magnifique journée offerte par notre hôte avait suffi à faire entrer Leysin dans nos cœurs ; nous n’oublierions pas de sitôt ses paysages, son bon air, ses chalets, ses imposants sanatoriums, ses spécialités culinaires, et surtout la gentillesse des gens que nous avions croisés.