Fretigney-et-Velloreille – Leysin - 220 km

La route jusqu’à la frontière suisse fut courte et plaisante. Nous traversâmes Besançon, passant sous son impressionnante citadelle, avant de découvrir les monts couverts de sapins du Jura et le château de Joux, perché sur un éperon rocheux.

A l’approche de la frontière, je sentais monter le stress. Nous redoutions un contrôle. Avec notre plaque russe et l’empilement de sacs, de valises, de cartons qui remplissaient notre coffre et tous les sièges arrière de la voiture jusqu’au plafond, nous étions de « bons » clients. Si nous étions en excédent d’alcool – eu égard à la limite autorisée par la douane suisse – et passibles d’une taxe, j’étais surtout inquiet à l’idée de devoir ouvrir le coffre et de tout sortir, car nous n’étions pas sûrs de pouvoir le refermer après. Nous remontâmes en sens inverse l’impressionnant bouchon causé par les Français rentrant du boulot – en Suisse – jusqu’à ce que nous apercevions le poste frontière et une petite guérite devant laquelle se tenait un douanier suisse, qui allait décider de notre sort.

Nous étions si sûrs de nous faire arrêter que je fus surpris lorsqu’il nous fit signe, avec le sourire, de continuer, après avoir jeté un coup d’œil à la plaque de la voiture. Soulagés d’être passés si facilement, nous partîmes avec empressement et oubliâmes de nous arrêter acheter la vignette obligatoire pour utiliser les autoroutes. Ce fut le second stress de la journée. Nous étions désormais sur l’autoroute. Les kilomètres défilaient et nous redoutions maintenant un contrôle policier, qui nous aurait fait très mal financièrement. Ajoutons que Katya avait les yeux rivés sur le compteur, effrayée à l’idée de dépasser la limitation de vitesse.

Nous aperçûmes enfin une grosse station service, où nous nous arrêtâmes avec l’espoir de trouver la vignette « magique ». Quand la vendeuse nous la tendit gentiment, nous nous acquittâmes avec soulagement – voire avec plaisir – des quelque 40 euros.

Après avoir collé la jolie vignette rouge sur notre pare-brise, nous pûmes enfin nous relâcher et profiter du paysage. Il était temps, car, après les « plaines » agricoles, la route que nous empruntâmes le long du lac Léman, depuis Lausanne jusqu’à Montreux, fut somptueuse. Les montagnes, le lac, les petits villages à flanc de colline cernés par les vignes : le tableau était parfait, on n’aurait rien pu ni voulu changer ; juste se taire et contempler.

Plusieurs tunnels plus tard, nous abandonnâmes le lac et commençâmes notre ascension vers Leysin. Katya, pilote du jour, assura la montée vertigineuse. Après de nombreux lacets, nous arrivâmes à destination, au milieu de chalets rivalisant de beauté devant une chaîne de montagnes au charme brut. Nous retrouvâmes bientôt Olivier, qui nous conduisit à son chalet pour une soirée inoubliable.