Toutes les bonnes choses ont une fin, paraît-il. Ainsi, de bon matin, nous abandonnâmes notre chambre princière pour repartir sur les routes. Cette fois, pour une courte étape jusqu’à Da Nang, la troisième ville du Vietnam.

La journée commença dans un bus, comme souvent. Un bus plein – encore une fois – où nous fûmes séparés. Et il n’y avait même pas l’excuse du bus local ; c’était un bus « touristique ». Est-ce trop demander au Vietnam qu’il attribue – et respecte – des numéros de siège lors des réservations ? La première demi-heure, je fulminais contre ce pays qui, décidément, m’irritait de plus en plus et me réfugiais dans des souvenirs nostalgiques de Chine.

Une heure plus tard, nous fîmes une étape dans un complexe massif et kitsch, où l’on trouvait boutiques, restaurant et même bungalows à louer. Ma voisine de bus, allemande, comprit que je ne voyageais pas seul et proposa gentiment d’échanger de place avec Katya.

Une heure après, nous arrivâmes à Da Nang. Nous longeâmes la mer avant de bifurquer vers le centre ville, où le bus nous abandonna brutalement – les autres touristes se rendaient tous directement à Hoian. Après avoir repoussé les assauts des chauffeurs de taxi, nous nous enfonçâmes dans la ville en traînant nos gros sacs à roulettes.

Malgré l’encombrement de nos bagages, la balade fut agréable. Etirée le long du fleuve Han, la ville, sans être éblouissante, présente un panaché d’architecture – coloniale, « socialiste » et moderne – qui n’est pas sans charme. Après avoir longtemps descendu la rue Tran Phu, nous rejoignîmes le fleuve, où nous profitâmes de la promenade construite tout au long.

Après avoir contourné le vieux marché, nous retrouvâmes la rue Tran Phu, où l’on put apercevoir la cathédrale du Sacré-Cœur, construite au temps de la présence française, lorsque la ville se prénommait Tourane – celle-ci fut d’ailleurs le point de départ de l’occupation française du Vietnam sous Napoléon III.

Après avoir mangé une étonnante et délicieuse soupe dont il nous fut impossible de déterminer ce qu’elle contenait – Katya dut fermer les yeux sur ses principes végétariens, tant il fut difficile de trouver un endroit bon marché où manger –, nous atteignîmes enfin le musée Cham, principale raison de notre arrêt à Da Nang.

Le musée Cham, consacré à la très ancienne ethnie du même nom – ethnie originaire d’Inde comme en atteste le style des sculptures exposées –, a ouvert au début du vingtième siècle sous l’impulsion de l’Ecole française d'Extrême-Orient. Ce musée vieillot présente de très belles pièces, mais nous a laissés un peu sur notre faim – sentiment dû peut-être à notre séjour récent en Inde.

La visite terminée, nous arrêtâmes un bus pour Hoian en compagnie d’un couple de Québécois que nous avions rencontrés au musée. Nouveau bus, nouvelle bataille ! La veille, Steeve – voir Hué – nous avait indiqué le prix « normal » pour ce trajet. L’homme qui s’occupait des tickets de bus nous demanda le double. Avec nos compagnons canadiens, nous protestâmes énergiquement et refusâmes de payer.

Deux minutes plus tard, deux Chinoises pénétraient dans le bus, visiblement sous le choc. Elles nous expliquèrent qu’elles avaient dû exiger qu’on les laissât descendre d’un autre bus pour Hoian après qu’on leur eut demandé quatre fois le prix normal ! Le nôtre, finalement, ne demandait que le double… Bandits !

Une petite heure plus tard, nous arrivâmes à Hoian et ne payâmes pas un centime de plus que le prix que nous savions juste, malgré la mine déconfite du vendeur de tickets. S’il avait demandé un petit « extra », nous aurions sans doute fermé les yeux – comme souvent là-bas – mais à vouloir trop le risque, à la fin, est de ne rien avoir.

Des taxis nous tombèrent dessus encore une fois, en vain. Le centre ville était à dix minutes de marche et tous les touristes partirent en file à la recherche de leur hôtel. Quant à nous, nous n’avions rien réservé et nous nous mîmes en quête d’une chambre le cœur léger, pensant que nous pourrions bientôt nous y détendre. Il n’en fut rien…